Le Corps des gardiens de la révolution iranienne (IRGC) a accusé Israël d'avoir tué le chef politique du Hamas Ismail Haniyeh à l'aide d'un « projectile à courte portée » tiré depuis l'extérieur de sa résidence à Téhéran.
L'organisation paramilitaire a indiqué que le projectile pesait environ 7 kg et avait provoqué une “forte explosion”, tuant Haniyeh et son garde du corps. Le chef du Hamas était en visite dans la capitale iranienne pour l'investiture du président Massoud Pezeshkian.
Les autorités israéliennes ont également accusé les Etats-Unis de soutenir l'opération. Israël n'a pas fait de commentaire sur la mort de Haniyeh.
Le récit du CGRI est en contradiction avec les informations des médias occidentaux, qui suggèrent que des explosifs ont été placés dans la résidence de Haniyeh à Téhéran par des agents israéliens.
Les échecs entourant la mort de Haniyeh, en particulier lors d'une journée marquée par des mesures de sécurité intenses, ont causé de l'embarras à l'Iran et au CGRI.
Des dizaines d'officiers du CGRI ont été arrêtés ou licenciés dans les jours qui ont suivi la mort de Haniyeh, a rapporté samedi le New York Times.
Le journal a indiqué que les services de renseignements de l'organisation avaient pris en charge l'enquête. Des membres du personnel de la maison d'hôtes de Haniyeh ont été interrogés et leurs téléphones et autres appareils électroniques ont été saisis, a-t-il ajouté.
Parallèlement, les mesures de sécurité des responsables politiques iraniens ont été revues. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a dirigé les prières pour Haniyeh jeudi, mais a été emmené peu après la cérémonie par ses gardes du corps.
La déclaration du CGRI de samedi intervient après que le Daily Telegraph britannique a déclaré que Haniyeh avait été tué par des bombes placées dans sa chambre par des agents de l'agence de renseignement israélienne Mossad.
Citant des responsables iraniens, le journal a indiqué que deux agents du Mossad étaient entrés dans la maison d'hôtes et avaient placé des explosifs dans trois chambres. Les Iraniens, qui ont visionné les images de vidéosurveillance des agents, ont déclaré que les deux hommes avaient ensuite quitté le pays avant de faire exploser les bombes depuis l'extérieur de l'Iran.
Le New York Times a également rapporté que Haniyeh avait été tué par des explosifs qui avaient explosé dans sa chambre, affirmant que ces explosifs auraient pu être placés deux mois plus tôt. La BBC n'a pas été en mesure de vérifier ces affirmations.
Mais des responsables du Hamas ont déclaré à la BBC en début de semaine que Haniyeh avait déjà séjourné dans la même maison d'hôtes. Il avait effectué jusqu'à 15 visites en Iran depuis qu'il était devenu le chef du bureau politique du Hamas en 2017.
Les rapports de ces journaux constitueraient un échec encore plus grand pour le CGRI, qui contrôle depuis longtemps la sécurité intérieure du pays. Selon les experts, ils souligneraient également le degré d'impunité dont jouit le Mossad en Iran.
Quelle que soit la cause de la mort de Haniyeh, l’Iran et le Hamas ont tous deux juré de riposter.
Le CGRI a déclaré samedi qu'Israël recevrait « une punition sévère au moment, à l'endroit et de la manière appropriés ».
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Mais rares sont ceux qui doutent que le Moyen-Orient soit dangereusement proche d’une guerre à grande échelle.
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