Des manifestants d'extrême droite israéliens ont fait irruption dans une base militaire en signe de soutien aux soldats accusés d'avoir gravement maltraité un prisonnier palestinien.
De grandes foules se sont rassemblées devant le complexe de Sde Teiman après que la police militaire israélienne y soit entrée pour arrêter les réservistes, qui font désormais l'objet d'une enquête officielle.
Sde Teiman, près de Beersheba, dans le sud d'Israël, est depuis des mois au centre d'informations faisant état de graves abus contre les détenus de Gaza.
Lundi, des dizaines de manifestants, dont des députés d'extrême droite de la coalition au pouvoir en Israël, ont fait irruption par le portail de la base tandis que d'autres tentaient d'escalader la clôture, en scandant « nous n'abandonnerons pas nos amis, certainement pas pour des terroristes ».
Certains soldats de la base auraient utilisé du gaz poivré contre le personnel de la police militaire venu arrêter les réservistes.
Les manifestants sont également entrés dans la base militaire de Beit Lid, dans le centre d'Israël, où les réservistes accusés ont été emmenés pour être interrogés.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publié une déclaration condamnant fermement l'effraction et appelant à « un apaisement immédiat des passions ».
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que l'enquête sur la conduite des soldats devait pouvoir se poursuivre, ajoutant que « même en période de colère, la loi s'applique à tout le monde ».
Selon les médias locaux, au moins neuf soldats israéliens de la base sont accusés d'avoir abusé du détenu palestinien, un combattant présumé du Hamas capturé à Gaza.
Il aurait été hospitalisé après ce que les médias israéliens décrivent comme de graves abus sexuels et des blessures à l'anus qui l'ont rendu incapable de marcher.
L'armée israélienne a déclaré que son avocat général avait ordonné une enquête « suite à des soupçons de maltraitance grave envers un détenu ».
Depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, les autorités israéliennes ont rassemblé et détenu des milliers de Palestiniens, souvent sans représentation légale.
La BBC s'est déjà entretenue avec des travailleurs médicaux d'un hôpital de campagne installé à Sde Teiman, qui ont affirmé que les détenus avaient les yeux bandés, étaient enchaînés en permanence à leur lit et étaient obligés de porter des couches plutôt que d'avoir accès à des toilettes.
Le mois dernier, le journal israélien Haaretz a publié des allégations formulées par un médecin de Sde Teiman selon lesquelles des amputations des jambes avaient été pratiquées sur deux prisonniers en raison de blessures causées par des menottes. La BBC n'a pas vérifié ces allégations de manière indépendante.
Des détenus ont déclaré à des journalistes et à des responsables des Nations Unies qu'ils avaient été battus et agressés. Les forces de défense israéliennes ont nié tout abus systématique.
De nombreux Gazaouis arrêtés par l'armée israélienne sont libérés sans inculpation après interrogatoire. Amnesty International a appelé ce mois-ci Israël à mettre un terme à la détention illimitée des Palestiniens de Gaza et à ce qu'elle appelle la « torture généralisée » dans ses prisons.
Certains responsables politiques israéliens ont condamné l’arrestation des réservistes. Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, a qualifié leur détention de « rien de moins que honteuse ».