L'écrivain franco-camerounais Charles Onana doit être jugé à Paris pour complicité de contestation du génocide rwandais de 1994.
Environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués en 100 jours.
Dans un livre publié il y a cinq ans, M. Onana a décrit l'idée selon laquelle le gouvernement hutu aurait planifié un génocide au Rwanda comme « l'une des plus grandes escroqueries » du siècle dernier.
Son avocat, Emmanuel Pire, insiste sur le fait que Me Onana ne remet pas en question le fait qu'un génocide ait eu lieu, ni que les Tutsis aient été particulièrement visés.
M. Pire a déclaré à l'agence de presse AFP que le livre en question était “l'ouvrage d'un politologue basé sur 10 ans de recherche pour comprendre les mécanismes du génocide avant, pendant et après”.
M. Onana, aujourd'hui âgé de 60 ans, et son directeur de publication aux Editions du Toucan, Damien Serieyx, ont été poursuivis en justice il y a quatre ans pour le même livre.
Cette affaire a été portée par l'ONG Survie et la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) pour “contestation publique d'un crime contre l'humanité”.
Le procès de lundi n'est que le deuxième cas de négation du génocide rwandais à être jugé en France.
En vertu du droit français, nier ou « minimiser » la réalité d'un génocide officiellement reconnu par la France constitue un délit.
Le procès de M. Onana sera “historique, puisqu'il n'existe pas encore de jurisprudence proprement dite liée au Rwanda” sur les questions de négation de la Shoah, a déclaré à l'AFP Camille Lesaffre, directrice de campagne de Survie.
“Nous nous baserons principalement sur la jurisprudence liée à la Shoah.”
En 2021, le président français Emmanuel Macron a demandé aux Rwandais de pardonner à la France son rôle dans le génocide rwandais.
Il a déclaré que la France n'avait pas tenu compte des avertissements concernant un carnage imminent et avait pendant trop longtemps « privilégié le silence plutôt que l'examen de la vérité », mais a déclaré que son pays n'avait pas été complice des meurtres.